Réunion à St Raphaël, le 1/12 au sujet de la mortalité des invertébrés marins sur la région Paca, par Dominique H.

Cette session a réuni les scientifiques travaillant sur le sujet (Patrice Francour et Stéphane Sartoretto) avec le représentant de la FFESSM commission biologie pour la Côte d'Azur (Christian Alegoet) et les plongeurs du Var et des Alpes-Maritimes à l'initiative d'Anne Joncheray. Une réunion similaire devait avoir lieu pour la région Provence hier soir.
La réunion avait pour principal objectif l'information sur l'état de la connaissance des scientifiques et explication de leur requête auprès des plongeurs.
* Plusieurs hypothèses sont envisagées sur l'origine du mal ! Celle de la température de l'eau de mer, élevée pendant plus longtemps cet été et générant un facteur pathogène (bactérie, phytoplancton) semble être une piste préférentielle, sans pour autant qu'il y ait une confirmation concrète.
* La vague de mortalités semble être partie de la région Ligure en Italie vers Marseille, s'arrêtant pour l'instant après Marseille. Mais ceci n'est vrai que pour les gorgones rouges (Paramuricea clavata) et pas forcément pour les éponges (Euspongia officinalis) ou des observations rapportées par des plongeurs, feraient apparaître une polarité inverse.
* Il n'y a pour l'instant pas de résultat d'analyse qui indiquerait un facteur pathogène, mais d'autres résultats devraient tomber la semaine prochaines ?
* Les scientifiques ont préparé un protocole de comptage et font appel aux plongeurs volontaires dans les clubs pour participer à l'application de ce protocole sur le terrain (documents ci-joint). Les zones principalement concernées sont les archipels de Riou, de Port-Cros-Porquerolles et de Lérins. L'objectif est d'assurer par la suite le suivi des ces sites particuliers avec une prochaine échéance vers février-mars.

Note technique à l'attention des plongeurs de la FFESSM.
Chers amis, vous avez pu constater depuis la mi-août, de nombreux cas de mortalités d'invertébrés marins sur le littoral provençal (Menton à Marseille).
Les organismes les plus touchés par ce phénomène sont les gorgones pourpres, jaunes et blanches (respectivement Paramuricea clavata, Eunicella cavolinii et Eunicella stricta), le corail rouge (Corallium rubrum), et diverses espèces d'éponges dont les éponges commerciales (Spongia officinalis, Spongia agaricina, Hippospongia communis). On a aussi observé un blanchiment des coraux madréporaires (Cladocora et Balanophyllia) et d'algues calcaires du coralligène.
Ce phénomène, observé aussi sur les côtes ligures d'Italie, atteint les peuplements jusqu'à une profondeur de 40 mètres, avec des taux de mortalité très alarmants pour les gorgones de l'ordre de 50 à 100 %.
La température est supposée être un élément déterminant du phénomène (24 à 25°C à plus de 20 mètres).
Grâce aux contributions de nombreux plongeurs, nous sommes en train de retracer l'historique du phénomène et de dresser un inventaire des différents organismes atteints par cette vague de mortalité.
Plusieurs scientifiques du littoral méditerranéen travaillent de concert à l'explication du phénomène, à l'identification d'éventuels facteurs biologiques ou chimiques pouvant avoir contribué à ces mortalités massives, et à l'évaluation des capacités de récupération.
Ceci demande de nombreuses prospections pour acquérir des données de base. Afin de dresser un bilan précis de l'état actuel des peuplements du coralligène, nous faisons appel à votre bonne volonté.
Nous avons commencé à mettre en place des suivis des populations de gorgone pourpre et corail rouge sur des sites de l'archipel de Riou (Tombants de Plane et des Farillons, Pierre de Cassis du Grand Congloue, Calanque du Figuier, Tunnel de Moyade) et du Parc National de Port Cros (Gabinière, Montremian, Pointe de la Galère), où nous intervenons depuis plusieurs années.
Pour nous aider dans cette tâche d'évaluation des dégâts, nous vous présentons un protocole destiné à effectuer une évaluation précise des taux de mortalité de différentes espèces : Gorgones pourpre (Paramuricea clavata), jaune (Eunicella cavolinii) et blanche (Eunicella singularis) et corail rouge (Corallium rubrum).
Sur les tombants et fonds rocheux : évaluer l'état des peuplements de gorgones, si possible dans différentes tranches bathymétriques (10-15 mètres ; 20-25 mètres ; 30-35 mètres ; 40-45 mètres). Pour cela, il faut compter au minimum 100 colonies par espèce et tranche de profondeur en estimant au mieux le taux de vitalité de la colonie et son degré de colonisation par d'autres organismes.
1) Lieu de l'observation : localisation précise, pente, profondeur, orientation, type de fond.
2) Taux de vitalité
0 - 0 % - colonie entièrement morte
1 - moins de 25 % de la colonie vivante
2 - de 25 à 50 % de la colonie vivante
3 - de 50 à 75 % de la colonie vivante
4 - plus de 75 de la colonie est vivante
5 - 100 % - colonie entièrement vivante
3) Estimation de l'âge de la colonisation des axes dénudés des gorgones par des organismes (algues, hydraires, bryozoaires, vers tubicoles, etc…)
Les colonies nécrosées peuvent être rangées dans trois catégories :
A) le squelette est nu
B) la colonisation paraît récente. Axe encore bien visible, léger duvet d'algues ou d'hydraires.
C) la colonisation paraît ancienne. Couverture de l'axe épaisse.
Exemple de notation :
3AB - 1B - 0C - 0AB - 5x10
14 colonies ont été comptées :
une présente de 50 à 75 % de partie vivante et présente un axe nu et légèrement colonisé par endroits,
une ne présente que de 1 à 25 % de partie vivante, l'axe est légèrement colonisé,
une colonie entièrement morte, mais avec une colonisation ancienne,
une colonie entièrement morte, l'axe est nu et légèrement colonisé par endroits,
10 colonies intactes.
A l'entrée des grottes sous-marines, vous pouvez appliquer cette technique à l'évaluation des populations de corail rouge. Un recensement de 100 colonies par site suffit.
La signalisation d'éponges mortes nous intéresse également. Photos et / ou Echantillons sont les bienvenus. S'il s'agit d'éponges cornées, de type " éponge de toilette " (Spongia officinalis), un morceau du squelette suffira pour une identification précise.
N'oubliez pas de noter avec précision le lieu géographique, la date et la profondeur de chacune des observations. Toutes les observations sur le littoral provençal nous intéressent, et en particulier les régions de :
De la Couronne à La Vesse
Frioul - Planier - Le Veyron
Cassis - La Ciotat
Bandol
Les Embiez
Giens - Porquerolles
Cavalaire - Saint Tropez
Saint Rapahel - Agay
Cannes - Les Lérins
Nice - Villefranche - Cap Ferrat
Cap d'Ail - Menton
N'hésitez pas à nous contacter pour de plus amples renseignements.
Mille Mercis pour votre aide passée et future.

VOS CONTACTS
Centre d'Océanologie de Marseille - UMR 6540 DIMAR - Rue de la batterie des lions, 13007 Marseille.
e-mail T. Perez ou 04 91 04 16 00
e-mail S. Sartoretto ou 04 91 82 91 89
e-mail J. Garrabou ou 04 91 04 16 00
e-mail JG. Harmelin ou 04 91 04 16 32
e-mail J. Vacelet ou 04 91 04 16 27
Laboratoire d'Environnement marin littoral - Université de Nice
e-mail P. Francour ou 04 92 07 68 32
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