![]() ERIKA, l'Internet, l'information et les pouvoirs publics (partie 1) Bonjour, Ainsi donc, la confirmation "officielle" est arrivée. L'INERIS vient de confirmer les analyses du laboratoire indépendant Analytika : les rejets pétroliers de l'Erika sont bien des produits cancérigènes, et les milliers de bénévoles qui ont été exposés n'ont pas été correctement avertis. Nous sommes face au premier scandale majeur de l'an 2000. Et pourtant ce scandale a des relents de déjà vu : "sang contaminé", "vache folle", "arrêt du nuage de Tchernobyl par les frontières françaises",....Je vous passe ci-après le message d'information de Bernard Taillez du labo Analytika, qui décrit par le menu le contenu exact de la cargaison de l'Erika. Mais je voudrais faire auparavant un commentaire sur le rôle que l'Internet a joué dans cette affaire, sur la place de l'information dans le renouveau citoyen. Avant tout, j'ai une pensée pour les milliers de volontaires qui ont été envoyés, sans réellement les avertir, dans un endroit qui devrait être réservé, selon les règles de manipulation des produits toxiques à "des équipes spécialisées de décontamination". Enfin, les mots ont un sens : dire aux gens de "prendre des précautions" et leur dire "attention le produit que vous manipulez est dangereux, cancérigène : respectez les consignes de sécurité", ce n'est pas du tout la même chose. Mesure-t-on les responsabilités écrasantes des pouvoirs publics et notamment des hauts responsables de l'Etat, le Préfet chargé du plan POLMAR, qui savait et qui a volontairement rayé la mention "cancérigène" des consignes (article dans le journal "Le Monde"), la Ministre de l'Environnement, qui utilise le terme médical "carcinogène" plutôt que le populaire "cancérigène" pour cacher l'inaction de son gouvernement ? Mesure-t-on le cynisme des maires des villes littorales qui annoncent froidement que le terme "cancérigène" aurait vidé les plages des bénévoles, et qu'il fallait mieux le taire ? Mesure-t-on l'enjeu du silence choisi par les responsables sanitaires "parce qu'ils ne savaient pas comment communiquer" comme l'a relevé Pascale Clark dans sa revue de presse sur France-inter ce matin ? Ainsi, les citoyens ne devraient pas être au courant. Les consignes suffisent, les mots RÉELS n'ont pas d'importance. Deux siècles après les Lumières et l'espoir d'un triomphe de la "Raison" et donc de l'information et de la connaissance débattue, c'est toujours le silence des puissants qui reste le mode dominant de relation entre les pouvoirs publics et les citoyens !!! Et derrière ce cynisme, quel mépris des hommes et des femmes. J'ai toujours admiré les "pompiers de Tchernobyl", et j'aimerais avoir le courage de faire en sorte qu'ils soient reconnus et célébrés comme des sauveurs de l'humanité. Au péril de leur vie, et le sachant pertinemment, ils ont joué le rôle qui était le leur, la mission qu'ils avaient acceptée. Le livre "La Supplication" le démontre. J'ai toujours été ému par ces infirmières du Zaire confrontées à l'épidémie du virus Ebola, sachant pertinemment quels étaient les risques... et restant dans leur hôpital pour assumer le rôle qui était le leur et qu'elles avaient choisi. Oui, l'humanité a des ressources immenses de fraternité, de responsabilité... et ce sont les gouvernants par cynisme et les profiteurs par voracité qui enfouissent cet élan. Même en connaissance de cause, nous aurions eu des bénévoles. Les risques sont présents partout, nous le savons tous. Et pour autant il faut parfois assumer ces risques, même s'ils ont été organisés par des gens qui ne risquent rien pour eux-mêmes. Mais quelle différence entre un risque assumé et un risque subit. Quelle conception différente de la démocratie de s'adresser à un peuple adulte et intelligent et cette mascarade à laquelle nous avons assisté, et surtout dans laquelle les récentes interventions publiques font que tous les "irresponsables" s'enfoncent et se mélangent les pinceaux. On commence à apprendre la vérité parce que des "indépendants" on su prendre eux leurs responsabilités et réaliser des études qui ont été publiées sur l'internet. C'est ce travail émanant de la société civile et diffusé par le réseau qui a poussé à ce que la vérité devienne "officielle" avec l'expertise de l'INERIS. Dès la première publication des analyses de Analytika, le rôle des pouvoirs publics aurait été d'organiser publiquement, démocratiquement, une expertise ouverte, mettant en parallèle les dires des divers participants impliqués, l'affréteur TOTAL, le CEDRE, et les indépendants ayant assumés eux-mêmes le travail de vérification et de contrôle. Au lieu de cela, on a vu un gouvernement couvrir, y compris pour que l'Union Européenne ne se mêle pas de cette affaire comme le montre la lettre placée dans le texte de Bernard Taillez d'Analytika qui est incluse dans ce message). Oui, dans cette affaire, l'internet a réellement joué son rôle d'outil citoyen. L'internet citoyen c'est dans cette force de l'information indépendante et dans la multiplicité des expertises contradictoires qui seules peuvent faire émerger la vérité et la connaissance. Quand je vois ce terme utilisé pour la promotion des pouvoirs en place sans que le citoyen n'ait, ni accès à l'information, ni réellement les moyens de s'exprimer (gérer son propre serveur associatif) je vois que l'on détourne le sens de l'expression "internet citoyen". Cette affaire de l'Erika marquera aussi un changement radical dans les conceptions de l'information et de l'expertise dans l'activité démocratique. Que l'internet ait pris une place prépondérante est un élément qu'il faut développer et comprendre. Je terminerais ce long message (mais j'ai encore tellement de choses qui restent bloquées dans ma gorge que j'y reviendrais) en mentionnant que l'analyse de l'INERIS et la reconnaissance tardive et honteuse par les pouvoirs publics de ce qui avait été caché n'est que le début de cette affaire. La course à la vérité doit se poursuivre. Le laboratoire Analytika, au vu des analyses, qui sont maintenant confirmées, dit que le produit qui était dans les soutes de l'Erika n'est pas du "fuel lourd numéro 2", mais un déchet industriel. Total répond avec la subtilité sémantique qui semble être de mise ces jours ci que ce sont "des résidus, pas des déchets" (Ouest-France du 9 mars). Alors la bataille pour l'information et la connaissance doit continuer. Comme citoyen, je veux savoir ce qu'il y avait réellement dans l'Erika. Même si, une fois admis le fait qu'il s'agissait bien de déchets, on va se trouver confrontés à une situation entièrement nouvelle : une multinationale dont le capital est possédé majoritairement par l'Etat ferait du trafic de contrebande de produits qu'une directive européenne interdit de transporter et demande d'éliminer au plus près du lieu de production. Le chemin vers la connaissance est difficile, mais c'est la nouvelle citoyenneté, et une nouvelle conception du contrôle sur les activités industrielles, notamment celles qui mettent en danger les populations et les écosystèmes qui est en jeu. Merci au laboratoire indépendant Analytika d'avoir avec persévérance mis la première pierre à cet édifice. Hervé Le Crosnier à suivre.... |
![]() DERNIERE MINUTE !!! Une nouvelle analyse GC/MS (1) effectuée par plusieurs autres laboratoires indépendants sur un échantillon de la cargaison du pétrolier ERIKA ***** prélevé en mer à la verticale de l'épave PAR HELICOPTERE ***** ***** et sous contrôle d'huissier ***** confirme les résultats annoncés par ANALYTIKA fin Janvier 2000 quant à la vraie nature de la cargaison, et repris ci-dessous. L'expertise Py-GC/MS (1) d'un échantillon du rejet pétrolier de l'ERIKA (prélevé le 4/1/2000 sur les côtes de l'ile de Groix par un ami se plaignant de démangeaisons à la suite d'un contact cutané avec le rejet) a été conduite à notre initiative, car il nous paraissait tout à fait inadmissible que près de quatre (4) semaines se soient écoulées avant que les premières informations scientifiques commencent à apparaître dans le public, en particulier quant au caractère CANCERIGENE et TOXIQUE -pourtant notoire- de ces rejets. Nous souhaitions ainsi déterminer la toxicité, la nature exacte et la composition chimique détaillée de ces rejets. Toxicité potentielle des rejets de l'ERIKA. ================================ Le rejet analysé est un mélange complexe de composés organiques, dans lequel sont présents entre autres :
Le pollueur -pourtant identifié- TOTALFINA conserve et entretient le silence le plus complet sur la toxicité inhérente aux fractions pétrolières lourdes, qu'il consent -pire- à voir "ramassées" comme des coquillages par des bénévoles (à bon compte !) alors que ces déchets sont classées sur la "Liste Rouge de Déchets" de l'Annexe IV du règlement N° 259/93 du 1/2/1993 RA020 = Résidus goudronneux de raffinage, de distillation ou de toute opération de pyrolyse) au lieu de dépécher sur les lieux de la catastrophe ses propres équipes de décontamination spécialisées. Informations toxicologiques. ===================== (Source : Toxicologie Industrielle et Intoxications Professionnelles, R. LAUWERYS, 3° Edition, Masson Editeur) La toxicologie est la science qui traite des poisons. Encore s'agit-il d'une définition relative, car toute substance en quantité suffisante peut produire des effets nocifs (par exemple : l'oxygène, le sel de cuisine, l'eau). On entend par "toxicité" la capacité inhérente à une substance de produire un effet délétère sur l'organisme, et il ne faut pas confondre ce terme avec le mot "risque", qui indique la probabilité avec laquelle un effet toxique surviendra suivant les conditions d'emploi ou d'exposition à une substance déterminée. Une substance présentant un risque pour la santé n'est pas nécessairement une substance intrinsèquement très toxique et inversement. Il importe donc de considérer non seulement la toxicité intrinsèque d'une substance (sa capacité d'altérer la santé) mais également ses conditions d'utilisation (la probabilité d'entrer en contact avec des concentrations toxiques) quand on définit des mesures de sécurité et des précautions de manipulation. Les informations de toxicité et "phrases de risque" ci-après sont présentées dans le but d'attirer l'attention du lecteur sur le danger que présentent un grand nombre de produits présents dans le rejet ERIKA. ATTENTION : Un diagnostic du risque encouru à la manipulation du rejet ERIKA sort du cadre des compétences d'ANALYTIKA. Les phrases de risque et de sécurité propres à cette catégorie de résidus pétroliers (N° Index 649-051-00-6 et 649-053-00-7, Substances cancérogènes Catégorie 1 - substances que l'on sait être cancérogènes pour l'homme - ne devant pas être mises sur le marché à la disposition du grand public, selon Directive Européenne dans le cadre "L'Europe contre le Cancer" cf JOCE 19/12/96 N° C 383/1) sont pourtant claires : R45 Peut provoquer le cancer R52 Nocif pour les organismes aquatiques R53 Peut entrainer des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique S45 En cas d'accident ou de malaise, consulter immédiatement un médecin (si possible lui montrer l'étiquette) S53 Eviter l'exposition, se procurer des instructions spéciales avant l'utilisation. S61 Eviter le rejet dans l'environnement. Consulter les instructions spéciales et la fiche de données de sécurité. Tout mélange chimique contenant une proportion supérieure ou égale à 0.1% de composant cancérigène devant être manipulé seulement par un personnel convenablement entrainé,en conformité avec la réglementation, il est vraiment inacceptable que le responsable de ce véritable acte de guerre chimique ose se décharger sur des volontaires (bénévoles pour la plupart, sans formation préalable convenable, ni équipement de protection adéquat) de la tâche de décontamination de TOTALFINA. Nous conseillons donc instamment à toute personne ayant participé à une (des) intervention(s) de dépollution des rejets de l'ERIKA, de faire documenter son séjour auprès des collectivités locales ou associations Contactez www.labo-analytika.com <http://www.labo-analytika.com> pour connaitre la marche à suivre et www.belle-ile-en-mer.org <http://www.belle-ile-en-mer.org> pour le regroupement de ces informations, dont le webmaster se chargera dès que possible d'adresser copie à TOTALFINA par la voie officielle.L'analyse du rejet ERIKA révèle la présence de naphthalène à une teneur comprise entre 60 et 90 ppm. Nom chimique Phrase de risque (Source : Merck Index 13th Edition) : naphthalene Toxicité animale : LD50(10) = 3.8 mL/Kg orally in young adult rats. [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Toxicité humaine aigüe : (from ingestion or inhalation) : irritation of muquous membranes, restlessness,convulsions, excitement, depression. Death may follow respiratory failure. [(par ingestion ou inhalation) irritation des membranes des muqueuses, agitation, convulsions, excitation, dépression. La mort peut survenir par défaillance respiratoire. Toxicité humaine chronique : Bone marrox depression and aplasia. Harmful amounts may be absorbed through skin. [Dépression de la moëlle osseuse et aplasie. Des quantités absorbées seulement par la peau peuvent se révéler nocives.] La plupart des seize (16) Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques HAP figurant sur la liste US-EPA (Environmental Protection Agency - USA) et dans la liste européenne sont présents dans le rejet ERIKA, qui contient aussi d'autres HAP non listés et cancérigènes ("phrases de risque" ci-dessous: Nom chimique Phrase de risque (Source : Merck Index 13th Edition) acenaphthene Note : This substance may reasonably be anticipated to be a carcinogen. [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] acenaphtylene Note : This substance may reasonably be anticipated to be a carcinogen. [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] anthracene Aucune information disponible benzo[a]anthracene Note : This substance may reasonably be anticipated to be a carcinogen. [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Substance classée carcinogène Catégorie 2 benzo[a]pyrene Note : This substance may reasonably be anticipated to be a carcinogen. [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Produit classé toxique pour la reproduction Catégorie2, mutagène Catégorie 2, et carcinogène Catégorie 2. Considéré comme le plus dangereux de la catégorie des HAP. En Europe, une substance doit légalement être considérée cancérigène par suite de la présence de benzo[a]pyrene si sa teneur en benzo[a]pyrene est supérieure à 50 ppm. Selon l'IFP même, c'est le cas de la cargaison déclarée de l'ERIKA. benzo[b]fluoranthene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] benzo[g,h,i]perylene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] benzo[k]fluoranthene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] chrysene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Produit suspecté cancérogène. dibenzo[a,h]anthracene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Produit classé Carcinogène Catégorie 2. Eviter tout contact avec la peau et l'inhalation du produit. Substance dont le potentiel cancérigène est utilisé lors d'expérimentations dans la recherche sur le cancer. Fluoranthene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] fluorene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] indeno[1,2,3-cd]pyrene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] phenanthrene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] Toxicité animale : LD50 (10)= 700 mg/Kg orally in mice.[peut provoquer la photosensibilisation de le peau] pyrene [Cette substance peut raisonnablement être supposée cancérigène] ATTENTION : Pour de nombreux autres représentants de la famille des HAP hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP substitués) et de celle des thiopolycycliques, -présents à de relativement fortes teneurs et formellement identifiés par notre investigation, il n'existe à notre connaissance aucune donnée toxicologique disponible en Europe, mais leur caractère cancérigène est formellement reconnu par l'Agence Américaine de Protection de l'Environnement US-EPA). L'analyse du rejet ERIKA révèle enfin la présence de traces de benzène (moins de 10 ppm). Nom chimique Phrase de risque (Source : Merck Index 13th Edition) benzene CAUTION : This substance has been listed as a known carcinogen. [ATTENTION : Cette substance a été reconnue cancérigène avéré.] ATTENTION : l'agent est cancérogène Catégorie 1 pour l'homme. Toxique pour les organes formateurs du sang. En Europe, une substance doit légalement être considérée cancérigène par suite de la présence de benzene si sa teneur en benzene est supérieure à 1.000 ppm. Ce n'est le cas du rejet ERIKA, mais compte-tenu de la forte volatilité de ce produit, et des quantités importantes de déchets pouvant se concentrer en un même lieu de décontamination, un sérieux risque d'inhalation subsiste pour tout personnel présent sur ces lieux sans appareil respiratoire adéquat. Au vu des informations ci-dessus, il est invraisemblable que des dispositions adéquates d'information du public et des autorités n'aient pas été prises d'urgence par TOTALFINA pour mettre en garde les uns et les autres quant au caractère cancérigène avéré de ces déchets pétroliers. Composition chimique détaillée du rejet ERIKA. ====================================== La composition détaillée du rejet ERIKA a donc été étudiée en détail, par comparaison avec celle d'un fuel lourd N°2 véritable (cargaison officiellement déclarée de l'ERIKA, par TOTALFINA). Cet échantillon de fuel lourd N°2 provient de TOTALFINA Raffinerie de Provence). Les mesures croisées auxquelles nous avons pu procéder avec le Laboratoire de Cryptogamie du Museum National d'Histoire Naturelle confirment la nature de notre échantillon de référence, ainsi que la provenance ERIKA de notre rejet, prélevé sur l'Ile de Groix, qui avait été mise en cause quelques heures. Les résultats dont nous disposons démontrent que le rejet analysé présente une composition très différente de celle d'un fuel N°2 véritable. Le rejet ERIKA est en fait le résultat d'une opération de raffinage plus poussé conduite sur du fuel N°2 (résidu de distillation sous vide d'un résidu de distillation atmosphérique par exemple). La démonstration ainsi apportée d'un traitement supplémentaire, explique la disparition des dernières fractions valorisables, présentes dans le fuel lourd N°2 véritables et,quasiment absentes du rejet ERIKA (voir Table ci-dessous).
En d'autres termes, puisqu'il a été démontré que la composition du rejet analysé est effectivement représentative de la cargaison embarquée, l'ERIKA transportait des Déchet Industriel Spéciaux (DIS) et non un carburant de basse qualité type fuel lourd N°2. En effet, les importantes différences de composition révélées par notre expertise ne peuvent résulter d'une hypothétique évaporation pendant le séjour en mer ou sur le rivage (d'après le CEDRE (3) "l'évaporation du fuel N°2 de l'ERIKA n'est pas un processus important"), ni d'une miraculeuse dissolution dans l'eau de mer ou d'une non-moins étonnante biodégradation, surtout dans les conditions de température rêgnant sur les lieux depuis le naufrage de l'ERIKA. Quelle est donc la véritable cargaison de l'ERIKA ? En plus des considérable différences de composition relative illustrées ci-dessus, deux (2) différences tout à fait notables -portant cette fois sur les propriétés physiques-existent aussi entre le rejet ERIKA et un fuel lourd N°2 véritable, qui nous étaient apparues dès le début des opérations d'expertise dont nous avons pris l'initiative. Le fuel lourd N°2 véritable est en effet nettement plus visqueux que le rejet ERIKA et présente une beaucoup plus forte tendance à adhérer aux surfaces métalliques avec lesquelles il entre en contact, possédant une surprenante faculté de glisser sur ces mêmes surfaces. A ces observations, s'est ajouté une remarque (qui nous a été rapportée par un journaliste de télévision) émanant des spécialistes de la COMEX en charge des préparatifs des opérations d'intervention sous-marine en vue du pompage des 14.000 tonnes de cargaison encore contenues dans les flancs de l'épave, (familiers du comportement d'un fuel lourd N°2 véritable dans ces conditions, puisqu'ils étaient intervenus en 1980 sur le cargo TANIO, coulé en Manche au nord de l'ile de Batz avec sa cargaison de fuel lourd N°2 véritable) ne parviennent toujours pas à s'expliquer pourquoi la cargaison TOTALFINA s'échappe si facilement des soutes de l'ERIKA. Nous détenons depuis peu l'évidence scientifique expliquant cette différence de propriétés physiques, qui devrait nous permettre de terminer bientôt la mise au point d'un protocole analytique rapide permettant de "certifier" la provenance ERIKA / TOTALFINA des rejets pétroliers atteignant actuellement nos côtes. Les propos de Michel FONTAINE, responsable de la filière déchets (oh, oh !!) de TOTALFINA rapportés par Le Figaro du 31 Janvier 2000 : "Notre fioul N°2 est un mélange de fonds de distillation auquel nous rajoutons des additifs pour un problème de viscosité" nous laissent penser que la clef de cette "énigme" ne sera retrouvée que si un échantillon, prélevé directement sur l'épave et sous strict contrôle est analysé par un groupe de laboratoires européens privés et indépendants. Nous EXIGEONS que les autorités "compétentes" interrogent TOTALFINA quant à la nature, à la concentration, et à la biodégradabilité de ces additifs (tensio-actifs? molécules chlorées?). Aspect réglementaire de la question de l'exportation intra-communautaire des déchets. (Source : LAMY Environnement - Les Déchets) Le réglement communautaire N° 259/93 du 1/2/1993 (JOCE 6/2/1993 N° L30 P.1), qui vise toutes les catégories de déchets, opère une distinction selon la finalité du transfert, distinguant les exportations en vue de VALORISATION d'une part, et les exportations en vue d'ELIMINATION (élimination définitive au sens de l'OCDE) d'autre part. Cette différenciation s'explique très bien par le fait que les opérations d'élimination sont destinées à des déchets non recyclables ou ultimes, et introduit la notion de "principe de proximité". Dans ce cas, la seule concurrence existant entre les éliminateurs ne peut justifier le risque de pollution engendré sur les territoires d'élimination et de transit, et JUSTIFIE QUE LES ETATS ASSUMENT AU MIEUX L'ELIMINATION DES DECHETS PRODUITS, SUR LEUR PROPRE TERRITOIRE. Pour les déchets recyclables, par définition moins susceptibles d'engendrer de la pollution, le règlement se contente d'encadrer cette étape de valorisation à l'étranger, pour permettre le libre jeu de la concurrence entre les entreprises de valorisation ainsi que la libre circulation, qui seront source d'échange commerciaux, étant entendu que les Etats destinataires de ces déchets ont néanmoins la faculté d'émettre des objections quant à ces transferts. Il n'existe qu'une exception au "principe de proximité" , qui s'applique aux déchets dangereux "produits en faible quantité" pour lesquels la mise enplace de nouvelles installations ne serait pas rentable (le concept BATNEEC Best Available Technology Not Exposing to Excessive Costs = meilleure technologie disponible n'entrainant pas de coûts excessifs) à un moment spécifique dans le temps, par la prise en compte de certaines limites, notamment financières ou économiques. Cependant, l'aspect purement technologique n'est pas explicitement mentionné pour justifier cette exception. Par conséquent, il est permis de procéder à certains transferts de déchets en vue de leur élimination à l'intérieur des états de la Communauté européenne; mais les parties sont incitées à appliquer le "principe de proximité" à l'intérieur de leurs frontières dans la mesure du possible. Ce que nous avons découvert de la composition et de la nature du rejet ERIKA, démontre que TOTAL-FINA est parvenu, à trois (3) reprises déjà (le cargo ERIKA avait déjà effectué trois rotations), à déjouer la vigilance des Inspecteurs des Installations Classées pour la Protection de l'Environnement ICPE lors d'exportations illégales intra-communautaires de déchets ultimes du raffinage pétrolier, au mépris du "principe de proximité".
adressé par mail par Bernard TAILLIEZ du Laboratoire ANALYTICA, le 05/03/2000 |